Itinéraire salé d’un marin d’eau douce ou comment j’en suis venu au voile aviron. (7)

La mise à l’eau du Fireball au plan d’eau de Courtine sur la Durance.

Le Fireball était construit, accastillé, pourvu d’un mât et doté d’un jeu de voiles de base. Le bateau était magnifique, superbement réalisé. J’avais voulu une coque noire qui se mariait à merveille avec le pont et le cockpit plaqué acajou.

Petite anecdote concernant le bois : le contreplaqué venait des établissements Charles mais pour des pièces de bois massif comme le banc, le safran, la barre etc., mon prof de père avait récupéré dans son collège des pupitres d’écolier mis au rebut qui une fois poncés et débarrassés de leurs graffitis avait fourni des essences merveilleuses et d’une dureté incomparable !

Il était temps pour le bateau de quitter le garage. Comme on allait devoir le stocker dehors, il était impératif de lui prévoir une protection contre les intempéries. D’autre part, pour gagner les plans d’eau il allait bien falloir le transporter.

Mon père avait bien évidemment tout prévu !

Il s’attela tout d’abord à la fabrication d’une solide remorque qu’il voulut fonctionnelle car elle devait permettre non seulement le transport d’un dériveur, mais également lui servir de remorque porte tout.

Dans ce domaine de construction, il était à l’aise. La soudure de solides cornières achetées chez Tirat (son fournisseur de ferraille habituel) plus des roues de 4L et ressorts de suspension récupérés à la casse auto qui bordait l’autoroute allait lui permettre d’atteindre son objectif. Un chariot de mise à l’eau ajusté pile-poil aux cloisons transversales du bateau, un timon rallongé démontable pour s’adapter aux 4,93 m de longueur hors-tout, un plateau pour le vrac, tout y était…

Il entreprit ensuite de coudre une forte toile bien étanche, un taud qui protégerait le beau navire en bois du mauvais temps.

Cette fois, on était paré pour la mise à l’eau programmée au plan d’eau de Courtine où nous avions réservé un emplacement à terre assorti d’une inscription à l’Avignon Courtine Yachting Club. Depuis ce temps, toutes ces installations : le port, les pontons, le club, le schipchandler ont disparu… Le spot est désormais occupé par des Jetskis et des kitesurfers

Confluence de la Durance et du Rhône, au sud d’Avignon. En bateau on pouvait remonter le Rhône jusqu’aux remparts, la difficulté était un pont de chemin de fer assez bas au du tirant d’air réduit… Au sud, on descendait jusqu’au pont d’Aramon.

Et le grand moment arriva enfin !

Nous devions être au début du printemps 1975. Il faisait encore frais, un léger vent du nord soufflait mais pas ce fichu Mistral qui nous aurait contraints à repousser les essais.

Pour la circonstance, toute la famille était présente, mon père bien sûr, ma mère et mes deux frères. Dudule mon pote de navigation sur le 420 de la MJC était là aussi.

Le bateau fut descendu de sa remorque de route et posé sur son ber de mise à l’eau. On le mata, et on endrailla les voiles destinées à être hissées sur l’eau plus tard. Nous avions capelé nos gilets (achetés à la CAMIF) et Dudule avait enfilé la ceinture de trapèze Plastimo.

Zou ! on y allait !

Le bateau fut amené sur la cale, le chariot roula et toucha enfin l’eau pour la première fois !

Un cri s’éleva : il coule !

Miséricorde ! de chaque côté du puits de dérive deux jets d’eau jaillissaient et inondaient le cockpit ! En hâte je me ruais dans le bateau et pinçais les deux orifices en enfonçant un doigt de chaque côté.

On remonta le bateau au sec. Plus de peur que de mal. En fait, suite à des échanges de courriers avec l’IFF, mon père avait déplacé l’axe de la dérive de quelques centimètres, omettant de reboucher les premiers trous… Qu’à cela ne tienne, le paternel toujours muni de son couteau de poche tailla en hâte deux flipots de bois qu’il enfonça en force dans les voies d’eau. Un rebouchage sérieux au chantier naval serait effectué par la suite.

Le grand jour ! On se prépare pour la mise à l’eau. je suis penché sur la grand-voile, Dudule de dos avec la ceinture de trapèze. Olivier mon frangin est sur l’arrière a déjà capelé son gilet de sauvetage. Ma mère et mon petit frère Sébastien sont assis sur un ponton. Le lascar en vélo… je ne sais pas qui c’est…
La mise à l’eau, surement la bonne cette fois !
Cette fois c’est la bonne ! Le bateau flotte, mes équipiers le maintiennent. Le paternel peut être fier de son œuvre !

De cette première navigation, je n’ai guère de souvenir, ni même de photos… Je sais simplement qu’une fois le tragicomique épisode de la voie d’eau du départ, tout se passa bien. J’étais enfin seul maitre à bord de mon bateau. Ne restait plus qu’à naviguer !

Construction d’un chariot embarqué de mise à l’eau pour le Skerry.

Lorsque j’ai acheté mon bateau celui ci était livré avec une remorque de route, mais pas de chariot de mise à l’eau.

Mon premier travail, sitôt arrivé à la maison, a d’ailleurs consisté à changer les roulements qui n’avaient pas bien supporté des immersions répétées.

Après avoir écrabouillé successivement deux chariots de mise à l’eau de planche à voile, trop légers pour un bateau comme le Skerry, j’avais acheté sur Internet un chariot « classique » .

Un peu aménagé, il faisait très bien l’affaire mais avec deux inconvénients : il était lourd et il fallait le ficeler sur la remorque pour le transport.

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De plus si la mise à l’eau est aisée avec ce type de dispositif, il faut quand même le remonter à la remorque et, suivant les endroits, l’attacher pour éviter de se le faire piquer…

Bref des avantages et pas mal d’inconvénients…

Par ailleurs j’avais reluqué depuis un moment le chariot que Jérôme avait imaginé pour son bateau à savoir un chariot qui épouse la forme du bordé pour être stocké à bord (après avoir démonté les roues. Jérôme explique tout ceci sur son blog.

J’ai donc commencé par étudier le modèle sur toutes les photos dont je disposais et puis je suis descendu à l’atelier.

Il me restait du contreplaqué marine de 9 mm / 5 plis, reliquat  de la construction du bateau de mon beau-père. Pour les dimensions je me suis calé sur celles du bouchain entre le banc et la cloison avant du bateau. Restait la courbe…

Bah, je ne me suis pas trop cassé la nénette… J’ai mesuré à peu près la distance de la corde sur le bateau en me plaçant au milieu de l’endroit  qui allait accueillir le futur chariot et j’ai tout simplement coupé une cale de l’épaisseur voulu. Ensuite je me suis lancé (je n’avais réalisé de pièce en lamellé collé…) .

La première lame ployé (avec la cale au milieu), la deuxième lame (un peu plus longue) par dessus, de la colle et des serre-joints et basta !

Lamellé collé…

Après séchage j’ai obtenu une belle planche courbée et qui épouse à peu de chose près le galbe du bateau.

La planche galbée obtenue après collage et ponçage.

Restaient les roues : j’ai réutilisé celle du chariot métallique (au passage celui reste toujours opérationnel : il suffit de les lui remettre  !

Pour rentrer dans l’espace prévu les axes de roues devaient êtres télescopiques. J’ai donc fabriqué des petites cales recouvertes de contre plaqué, collées et boulonnées.

Supports d’axe des roues.

Comme tout est du matériel de récupération (prélevé dans mes caisses de « çapeuservir » les axes en question, pour ceux que cela intéresse sont des restes d’armature d’un ancien auvent de caravane…

Les axes de roues boulonnés

Voilà l’ensemble est terminé. Les roues sont retenues par une goupille (de même au bout de l’axe).

Il ne reste qu’à vernir.

J’ai collé également une petite surface découpée dans un vieux tapis de gym à l’endroit ou repose le bateau quand il est porté.


Le chariot
Roues démontées et stockées
Planche du chariot qui épouse la forme du bordé
Sangles
Bateau sur le chariot
Goupille