Les années Maraudeur, le temps des régates.
Question régate, le Fireball avait été frustrant. Trop lourd, pas d’équipier, pas de voiture pour se déplacer, équipement baroque… avaient été les raisons officielles pour justifier les piètres résultats enregistrés. En réalité c’est plutôt mon manque de compétences qui en était la cause…
Avec Ondine dans l’océan indien, ce fut le petit temps et mon ami Peter Darch qui nous avaient conduits au triomphe du Hardy’ trophy…
Cette fois la réussite avec Raspoutine allait être le résultat d’une subtile alchimie.
Si pour l’Etap le rating, c’est à dire le handicap nous desservait, en ce qui concerne le Maraudeur, il en était tout autrement. Il existe plusieurs générations de Maraudeurs aux performances plus ou moins différentes. Conséquence : pour la FFV on comptait deux types de rating : un pour les modèles réputés « performants » : les anciens Maraudeurs en bois et les « Gallois » (du chantier du même nom) et un deuxième pour les autres, ceux sensés être « moins performants », comme le Spair et qui concernait Raspoutine.
Et c’est là que résidait l’astuce. En effet, si un Spair avec son mât cylindrique, « le poteau » était effectivement peu « performant » tout changeait si on l’équipait d’un mât à retreint et d’un bon jeu de voile… Alors c’était une tout autre musique ! Pour dire les choses simplement, un Spair bien affûté devenait aussi rapide qu’un bois ou qu’un Gallois ! Résultat des courses : on allait aussi vite et souvent plus vite que les autres bateaux de notre catégorie et à l’arrivée on nous rendait du temps grâce au handicap… L’arme absolue.
Oui, mais tout cela ne suffit pas…
Un bateau c’est avant tout un équipage. C’est là que réside la différence. J’ai eu la chance de rencontrer mon pote, mon poto, mon Gilles. Il a su me fournir le plus beau, le plus efficace des accastillages : l’amitié.
Gallo, une forte tête de de bourrique mais Bon Dieu qu’est-ce qu’on a pu rigoler… D’abord pour mettre au point le bateau. Je me souviens de la superbe barre qu’il avait confectionnée en ‘lamellé collé », c’était son truc de l’époque. Résultat, la première fois où il a abattu en grand, la barre a plié comme un roseau et le bateau a continué tout droit ! Je suis injuste car Gilles est un super artisan, de tout, ses réalisations sont dignes des grands professionnels. Bon, sauf là…
Avec Gallo on s’est entendu tout de suite. C’est lui qui barrait. Moi j’assurais le reste, les yeux rivés sur les penons qu’il m’avait fait coudre sur mon foc. « Attentif, attentif »… je me souviens de ses mots.
Gilles c’est un tacticien et un stratège hors pair. Le plan d’eau, il a eu vite fait de le lire et la tactique, les vieux renards du Grand Large, ils en pleurent encore, du moins pour ceux qui sont encore vivants…
Ah ! on en a gagné des régates sur le Grand Large ! Pour une raison simple : nous étions premiers en temps réel… et on nous rendait encore du temps au calcul du handicap !
Mais avec le Maraudeur j’ai retrouvé une autre composante qui allait prendre de plus en plus d’importance dans mon parcours de marin d’eau douce. Déjà avec le Fireball j’avais adhéré à l’IFF, l’association de propriétaires, mais cela était somme toute resté assez lointain. Avec le Maraudeur il en fut autrement. L’aspro allait me m’ouvrir d’autres horizons et surtout d’autres rencontres.
L’association c’était un bulletin et un rendez-vous annuel : le National Maraudeur.
Le National se courait tous les ans à la Pentecôte. Le vainqueur remportait un magnifique trophée la coupe Desestre Cadoux . En réalité, la coupe en or massif d’une très grande valeur ne quittait son coffre que pour être admirée le jour du National. L’histoire de cette mythique coupe est à lire sur le site de l’AS Maraudeur.
Des nationaux nous en avons couru deux. Dans les Vosges au lac de la Pierre Percée et au lac du Bourdon. Dans les deux cas nous n’avons pas fait beaucoup d’étincelles…
Dans le bulletin numéro 105 de l’AS Maraudeur Daniel Barthelet, dit Babar écrivait « … le déplacement dans l’est nous a permis de fréquenter de nouveaux équipages : le gang des Lyonnais sur un Spair bien accastillé, qui s’était entraîné dans l’hiver dans la brise… décidés et agressifs l’équipe JAMOIS GALLO aurait certainement été mieux classée dans des conditions plus musclées »
Au Bourdon c’était mieux, nous terminons 4ème. (mais le chablis était excellent !)
C’était à chaque fois l’occasion d’un déplacement en famille avec les Gallo, en camping dans des clubs sympas et chaque fois sous la pluie ! Et même si les régates étaient sérieuses, c’était surtout de grands moments de rigolade et de convivialité avec des tas de nouveaux copains. L’association était à l’époque dirigée par un super mec, Louis Blancanneaux, Loulou, complètement frappadingue et régatier hors pair !
Le temps des régates en Maraudeur comme les roses n’a duré qu’un temps… Gallo s’est piqué d’une passion pour le deltaplane qui l’a éloigné des plans d’eau et nous, nous sommes repartis vers un autre pays… mais nous le verrons avec le Maraudeur !
A suivre : croisières au long court en Maraudeur !